LE
PETIT JOURNAL DE CRITICALSECRET
Réactualisation
du Journal tous les deux jours
ACTUALITÉ
des AUTEURS & des AMIS <
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EXERGUE
A L'ENCLOS,
d'Armand Gatti
(3)
protocole
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DANSER
POUR NE PAS FAIRE LA GUERRE
DANCING AGAINST THE WAR/ RESISTANCE
(Appel PAS-EN-NOTRE-NOM) >
An hommage to People dancing
with the same passion against the
noright war front of their States and their polices : thanks to Australian,
English, US American people walking and calling. Don't forget the Refuzniks...
Lire
et imprimer LA
RAISON ÉGARÉE, René Schérer
1\5>
Avertissement et réserve des auteurs
2\5>
Préface \
Journal 11-04-2003 \
Contributions
ABSTRACT DE L'EDITORIAL
3\5
> Editorial circonstancié
DANSER
POUR NE PAS FAIRE LA GUERRE (links)
4/5
> Libre langue, libre pensée
5/5
> Postface pour Bonnafé à Eluard
« LIBERTE »,
de Paul Eluard \ Radical
links
(vers www.criticalsecret.com \ contact)
1\5 > Avertissement et réserve des auteurs
Ce qui suit se veut une hypothèse radicale à la fois protestataire et pour contribution au débat contre la guerre ; par conséquent se trouve sous la seule responsabilité de la signataire, animatrice éditoriale. Ses mots n'engagent pas les auteurs qui participent à la revue en ligne et annexes de www.criticalsecret.com. Il se peut même que certains auteurs ne partagent pas cette vision quant au détail ou quant au tout, ou qu'ils se placent sur des positions contradictoires voir tout à fait opposées. Ceci, conformément à l'esprit de la ligne éditoriale qui fonde sa recherche prédictive et son éthique sur l'équilibre paradoxal des points de vue. Dans le respect des personnalités qui contribuent à ce cadre de diversité, la présente réserve concerne également les animateurs et auteurs des sites de référence en Iframes et même si, en tant qu'artistes et poètes nous nous trouvons dans cette même attitude : danser passionnément contre la guerre. Même réserve enfin, valant à l'adresse des noms cités ou des oeuvres qu'ils représentent (remerciements et dédicaces), D'une façon plus générale, nous pensons qu'en de telles questions chacun ne pourrait représenter un autre point de vue que le sien propre : à le confronter aux autres on advient ensemble... \ retour à la Une
2\5 > Préface de l'éditorial
Lucien
Bonnafé est mort le
dimanche 16 mars 2003, à La ville-du-bois, dans l'Essonne (Fr) voir
l'article d'Elizabeth Roudinesco dans Le
Monde. Engagé dans la Résistance pendant la seconde guerre
mondiale, il rencontra les surréalistes et devint l'ami de Paul Eluard
venu le rejoindre à l'hopital de Saint Alban en Lozère, comme
Jacques Lacan, Gérard Oury, Georges Canguilhem, Tosqualles... Il est
considéré comme le fondateur en France de la psychiatrie institutionnelle
la psychiatrie
de secteur naissant d'après lui dès les années 30
(1).
Cependant, depuis quelques mois est annoncée la dissémination
du fonds André Breton lors de la vente aux enchères
qui aura lieu à la salle des ventes Drouot à Paris, le 7 avril
prochain. Madonna
possèdera des oeuvres ; à ceux qui savent leur parcours ou pour
lesquels il demeure à découvrir il restera la virtualité
visionnaire active, culture acquise au-delà des générations,
de la puissance radicale de cette pensée : une pensée matérialiste
de la métamorphose donc vivante. Nadja, c'est à la fois
l'éphémère état et son renouvellement : la splendeur
du papillon.
L'entretien
de Lucien Bonnafé réalisé par Stéphane
Gatti est inscrit
au sommaire éditorial de www.criticalsecret n°11, thème « appareil-accident
» où il sera publié en format Real (à
paraître le mois prochain).
C'est un enregistrement
cohérent avec la stratégie locale du projet participatif
de Stéphane
Gatti sur André Breton jeune stagiaire
au service psychiatrique de la seconde armée à l'hôpital
de
Saint Dizier, pendant la première guerre mondiale. Le projet réalisé
et développé dans la ville même a donné lieu à
un catalogue
du détail et de la synthèse de cet événement,
et comprend les documents d'archives contemporains de la période citée
: « Lire André Breton à Saint Dizier » a
paru avec le concours
de La
parole errante
aux Editions de l'arbre. Il se trouve intégralement en
ligne dans
www.criticalsecret.com n°8-9, Bien après Kant
(2).
NOTES
(titres-liens)
\
(1) Lucien Bonnafé, Le
Miroir ensorcelé, éditions Syllepse, Paris.
(2)
STEPHANE GATTI & NICOLAS BERSILHAND,
au
sommaire
html www.criticalsecret.com/n8-9 > LIRE
ANDRE BRETON A SAINT DIZIER 2001-2002, catalogue intégral de l'Action
poïétique et documents d'archives du
projet participatif
sur André
Breton.
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la plus basse.
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Kant
(activer le rideau et cliquer sur les noms d'auteurs qui apparaissent verticalement).
\ Dans le cas des deux sommaires si vous n'avez pas Flash6, il convient
de le télécharger : ici !
(3)
ARMAND GATTI
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> L'ENCLOS,
grand poème multilingue.
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> Le
journal du 11 avril
Lire la
réponse de René Major à André Glucksmann,
dans Le
Monde...
...
L'autre
événement aujourd'hui, à quelques jours du G8 à
Genève, consiste dans le dévoilement absolu de l'ingérene
plénipotentiaire du Pentagone et du département d'Etat américains
dans les décisions des Organisations mondiales supra-nationales, notamment
la banque mondiales et le Fonds monétaire International...
Nous avions actualisé cette hypothèse dans
notre préface, il y a quelques jours, à propos du rapport entre
la proposition d'achat de la Patagonie pétrolifère par l'Etat
américcain auprès de l'Etat Argentin moyennnant la résiliation
de la dette de ce pays, qui paraissait intervenir opportunément suite
à la crise terrible et relativement récente provoquée
notamment depuis un an et demi par la banque mondiale et le FMI refusant les
compensations monétaires et les crédits compensatoires indispensables
à l'équilibre vital de ce pays qui ne faisait pas partie de
l'ALÉNA.
Le dévoilement absolu consiste donc en ce que Monsieur
Wolfowitz veuille punir la France et l'Allemange notamment en les obligeant
au remboursement de la dette de l'Irak il dicte au FMI et à
la Banque mondiale les prescritpions qu'elles devront effectuer à l'encontre
du "camp de la paix".
Or aucun journaliste ne songe à faire remarquesr
que les avoirs irakiens ayant été saisis à New-York pourraient
servir notamment à solder ce remboursement.
Ainsi voit-on le pillage en Irak trouver son précédent
exemplaire dans la saisie des avoirs Irakiens à New-York, purement
et simplement dérobés au peuple qui aurait pu en recouvrer partie
d'avantage dans l'épuration de tout ou partie de sa dette...
Extrait
intégral de l'encadré
dans l'article d'Ibrahim Ward
« L'ordre américain coûte que coûte »
Le monde diplomatique n°589, avril 2003
dans les kiosques en France
(pas
encore en ligne) Quote::
Y A-T'IL ENCORE UNE UNION EUROPÉENNE ?
La République est le plus ancien journal de Turquie ; Il est toujours totalement indépendant (des pouvoirs politiques et financiers), élu plutôt par les intellectuels. Le 25 février 2003, il rapportait le dialogue suivant, à La Maison Blanche, entre le Président des États-Unis et celui qui était alors le Ministre Turc des Affaires Étrangères.
George
W.Bush :
Vous n'avez rien à faire ici. Retournez dans votre pays et
faites passer l'autorisation au Parlement !
Yasar
Yakis :
Nous avons certaines difficultés, les pertes économiques
que va nous causer la guerre seront considérables, nous sommes deux pays
alliés et espérons vote compréhension.
GWB
:
Aucun allié ne m'a donné du fil à retordre
autant que vous !
YY
:
La Turquie s'inscrit aussi dans un processus Européen et il y
a des voix différentes qui s'élèvent de l'Union Européenne.
GWB
:
Y a-t'il encore une Union Européenne ? je l'ai cassée
en trois!
YY
:
La Turquie est un pays démocratique qui a toujours respecté
le droit international. Et, dans ce cas précis, la décision des
Nations Unies est très importante pour la Turquie.
GWB
:
Je me demande si l'ONU est indispensable au 21ème siècle.
Mes collaborateurs sont en train de réfléchir à la question.
Ce
dialogue n'a été démenti ni par les Turcs ni par les Américains.
NDLR : En attendant la
publication en ligne de cet article sur le Web, on peut consulter le site où
se trouvent les archives des numéros précédents :
http://www.monde-diplomatique.fr
Irak :
http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/irak
(Lire l'article
5/5: "Libre langue, libre pensée")
Retour à la Une
La réponse de René Major
Institut des Hautes Etudes
en Psychanalyse,
à André Glucksmann
"Pacifisme"
: réponse à André Glucksmann, par René Major
LE MONDE | 10.04.03 | 13h23
Le gouvernement américain s'allie aux dictateurs
quand cela lui chante. Il l'a fait avec l'Irak contre l'Iran, avec le Pakistan
contre l'Afghanistan.
Mon cher Glucksmann,
Dans votre article paru dans la page Horizons Débats
du samedi 5 avril, vous vous en preniez au "camp de la paix"et
à ceux qui défendent le droit international contre la force. Vous
ne manquez certes pas d'arguments. Il est en effet choquant de voir la France
et l'Allemagne affublées de la Russie et de la Chine dans leur opposition
à l'intervention américaine en Irak.
Mais s'agit-il bien d'une entente de Paris et Berlin
avec "le postmoderne Poutine plutôt qu'avec le fondamentaliste Bush",
comme vous le prétendez ? En ce cas, il ne faudrait pas passer sous
silence l'entente cordiale, l'an dernier, entre Poutine et Bush, pour couvrir
à la fois l'invasion de l'Afghanistan et le massacre des Tchétchènes
auquel vous êtes si justement sensible.
Vous invoquez Carl Schmitt qui, dans les années
1930, affirmait que la souveraineté reste liée au privilège
de suspendre le droit et de décider de l'Etat d'exception. Vous
imputez aux démocrates "pacifistes" de participer à
"ce culte de la souveraineté" lorsqu'ils s'insurgent contre
ce que les juristes internationaux qualifient comme une guerre d'agression et
qui n'est, pour vous, qu'un droit d'ingérence pourtant décidée
souverainement et menée avec une véritable guerre d'intoxication
pour faire croire à l'Amérique et au monde que l'Irak disposait
d'armes de destruction massive prêtes à être utilisées
contre le peuple américain.
Question de souveraineté, "la junte fascisante"
(j'emprunte l'expression à Bruno Latour, dans l'article jouxtant le vôtre),
qui est actuellement au pouvoir aux Etats-Unis, est loin d'être la dernière
à revendiquer la souveraineté. Elle la veut même absolue.
Non seulement sur son propre territoire, mais dans le reste du monde.
"The Rest of the World" est une expression
du département d'Etat américain pour parler de pays qui, depuis
la fin de la guerre froide, refusent de s'aligner sur le "modèle"
de société et de gouvernement qui a réussi à concentrer,
à s'approprier ou à confisquer la majeure partie des ressources
naturelles et des pouvoirs technoscientifiques. Déjà, en 1998,
ces faucons avaient rédigé une lettre ouverte au président
Clinton pour lui signifier que la politique de "containment" -endiguement-
de l'Irak était un échec, et que le limogeage de Saddam Hussein
était devenu "la priorité de la politique étrangère
américaine".
Ce n'était pas pour libérer le peuple
irakien. Parmi les signataires : Paul Wolfowitz, Richard Perle, Donald
Rumsfeld. Ce dernier, vous le savez comme moi, venait pourtant de fournir à
l'Irak une bonne partie de l'armement chimique qu'on lui reproche aujourd'hui
de détenir. C'était bien avant le 11 septembre 2001, bien
avant qu'on pût imputer, même de mauvaise foi, quelque lien entre
Ben Laden et Saddam Hussein. Ce même Rumsfeld défendait en mai 2002
à l'OTAN que l'administration américaine s'accorderait elle-même
une sorte de carte blanche pour mener toutes les interventions militaires qu'elle
jugerait nécessaires, sans solliciter une quelconque approbation à
l'extérieur "chaque fois que leurs intérêts vitaux
seraient en jeu".
Aussi injustifiable qu'ait été l'attaque
du 11 septembre 2001, aussi indéfendable que soit le régime
de Saddam Hussein, il ne faut tout de même pas oublier que cette politique
était décidée de longue date et que les plus fallacieux
prétextes n'ont cessé d'être invoqués en se substituant
l'un à l'autre de façon aussi grotesque que ridicule.
Vraiment, Glucksmann, croyez-vous que le peuple irakien
se sente libéré par ces bombardements intempestifs jour et nuit,
qui auront tué et estropié avec des bombes à fragmentation
des milliers de civils, qu'il se sente libéré par cette "charité"
qui empêche les approvisionnements en eau, médicaments et nourriture
d'arriver à la population, quand ils sont acheminés par les ONG
plutôt que par l'armée américaine ?
Deux cent mille enfants irakiens risquaient de mourir
ces derniers jours, comme le déclare le président de l'Unicef,
à cause de cette bêtise. Je ne vous parle même pas des 500 000
déjà morts à cause de l'embargo. Vous vous souvenez de
la réponse de Mme Albright interrogée à ce sujet,
en mai 1996 : "Il s'agit là d'un choix difficile, mais
le prix en vaut la peine".
Croyez-vous vraiment que ce gouvernement américain
soit un modèle de démocratie et de respect des droits de
l'homme qui, le 11 septembre 2001, arrêtait et maintenait
en détention 1 200 immigrants arabes et musulmans, et annonçait
en juin de la même année qu'il avait demandé à des
dizaines de milliers de détenteurs de visas arabes de se faire enregistrer
auprès du gouvernement avec photo d'identité et relevé
d'empreintes digitales ?
Et ces prisonniers de Guantanamo, privés de tout
droit, qui n'ont comme espoir que le suicide ? On peut craindre le pire
pour l'administration de demain en Irak. Sans compter les traumatismes psychologiques
graves infligés à tant d'enfants et leurs effets à long
terme.
Le gouvernement américain s'allie aux dictateurs
quand cela lui chante. Il l'a fait avec l'Irak contre l'Iran, avec le Pakistan
contre l'Afghanistan (sans apporter en quoi que ce soit la liberté et
la paix au peuple afghan), etc. La liste serait longue. Vous la connaissez.
Et si le fonctionnement onusien a été souvent bloqué, ce
fut plus qu'à son tour par le gouvernement américain. Les multiples
résolutions concernant Israël et la Palestine qui ne furent pas
appliquées n'ont jamais mobilisé l'armada de la superpuissance.
Quant à l'amour de ce gouvernement pour la démocratie,
je vous rappelle seulement qu'il existait une démocratie au Chili, sous
Allende, qui fut renversée un autre 11 septembre c'était
en 1973 par le bras armé des Etats-Unis pour y installer la dictature
de Pinochet.
Les dix millions de personnes qui ont protesté dans soixante pays contre
l'intervention en Irak et qui ne sont pas forcément des "pacifiques"
ont peut-être aussi une mémoire et une raison, même
si ce n'est pas la vôtre.
René Major est président de la Société internationale
d'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse.
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.04.03
Il
faut inverser le mot célèbre : « ce nest pas une erreur,
cest une faute ». Aujourdhui, il faut dire : « encore
plus quune faute, cest une erreur ».
Une erreur, non seulement un mauvais calcul, une fausse appréciation
des choses, mais un mauvais usage de la raison, et, avant tout, une conception
erronée de la raison. Un vice du raisonnement, un vice logique, une confusion
mortelle entre la raison et "avoir raison". Et la subordination des
opérations de la raison à la transcendance dun Vrai et dun
Bien affirmés comme tels avant tout examen, toute preuve. Loutrecuidance.
Le « nous vaincrons parce que nous sommes
les plus forts » dont on sest tant moqué, qui revient sur
la scène mondiale et qui se répète, à la fois comme
farce et comme tragédie.
On se souvient peut-être encore dune
déclaration de George W. Bush au lendemain du 11 septembre 2001 : « Nous
sommes si bons, pourquoi nous hait-on tant ? ». A quoi il convient
dajouter : « Jai tellement raison, pourquoi les choses me
donnent-elles tort ? »
Cest pourquoi il est tellement utile, aujourdhui, de relire et de
repenser des textes qui disent précisément ce quest la raison
et quelles sont ses limites, comment le plus grand danger quelle puisse
courir est celui de ségarer dans loutrecuidance de lavoir
raison, de tomber dans les bévues, qui procèdent toutes de son
dogmatisme, de son incapacité à souvrir aux autres, et à
se placer du point de vue dautrui. Ce que le philosophe Kant considérait
comme le principe même de la "raison éclairée",
de la culture. Les erreurs actuelles témoignent dun incommensurable,
dun effrayant manque douverture et de culture.
Kant, justement.
Il est temps aujourdhui de relire et de méditer
ces belles pages de Kant qui répondent, si prémonitoirement, à
nos préoccupations : elles introduisent aux considérations sur
la possibilité de létablissement dune « paix
perpétuelle », dont le suprême et unique principe, la
condition de possibilité (transcendantale en quelque sorte) est « lhospitalité
universelle ».
Mais, avant lénoncé de ce principes, il
y a celui des Articles préliminaires dont certains dictent des conditions
impératives, "au sens strict", dit Kant, ou, en latin, leges
srtrictae.
« Article 5 : aucun Etat ne doit (allemand
soll qui indique une obligation morale) simmiscer de force dans la constitution
et le gouvernement dun autre Etat ».
Et voilà comment Kant justifie cette loi : « Quelle raison, en
effet, peut ly autoriser ? Le scandale peut-être que cet Etat
donne aux sujets dun autre Etat. Il peut, bien au contraire, servir davertissement
par lexemple des grands maux quun peuple sest attirés
par son anarchie ; dailleurs, dune manière générale,
le mauvais exemple donné par une personne libre à une autre (en
tant que scandalum acceptum) ne constitue pas une lésion de cette
dernière. »
Je marrête dabord ici : alors que
lon vante tant le "droit dingérence", Kant émet
un rappel à lordre. Surprenant dabord, venant de la part
dun universaliste auquel on aurait plutôt tendance à reprocher
le caractère absolu de ses impératifs inconditionnels. Mais, là,
au contraire (on en expliquera plus loin les raisons), est mise en avant linadmissible
présomption dune croyance unilatérale à avoir raison,
à être seul détenteur de la vérité et du bien,
caractéristique des démocraties occidentales et de lAmérique
en particulier.
Historiquement, ce quil vise, cest la condamnation
par lEurope des monarques, de la révolution française qui
fait "scandale" et qui donne lexemple de "lanarchie".
Mais il dit aussi que ce nest pas une véritable "lésion"
. Remarque qui peut être dailleurs étendue à dautres
sortes de "scandales", à cette tendance contemporaine à
considérer des opinions ou des mots comme une "violence" relevant
du droit pénal, comme si cétait une agression réelle.
Je poursuis : « Il est vrai quil ne faudrait
pas faire rentrer ici le cas où un Etat, par suite de divisions intérieures,
se partagerait en deux ; chaque partie représentant pour soi un Etat
particulier qui prétendrait au tout ; fournir de laide à
lune ne pourrait valoir pour un Etat étranger comme une immixtion
dans la constitution de lautre (car il y a anarchie). »
Donc, en commentaire, Kant présente ici le seul
cas où lintervention est justifiée : quune rébellion
interne existe, qui appelle une aide extérieure, mais avec la réserve
suivante, précisant quil faut que cette révolte ait abouti
dabord à un résultat tangible : « Toutefois,
tant que ce conflit intérieur nest point résolu, cette ingérence
de puissances étrangères serait une lésion des droits dun
peuple luttant seulement contre son mal intérieur, et ne dépendant
daucun autre ; ce serait bien là donner lieu à un scandale
et rendre incertaine lautonomie de tous les Etats ». Précision
à entendre de la manière suivante : il nest pas question
de simposer à des gens qui entendent se libérer tout seuls.
Une telle "aide" ne saurait être fondée de droit.
A cet article impératif peut être associé,
impératif également, le premier (Article 1.) qui interdit de se
réserver « matière à guerre future »,
en « ayant la mauvaise intention » de recommencer à
la première occasion ; traitant cette manière de « procédé
qui relève de la casuistique des jésuites et qui est au-dessous
de la dignité des souverains ».
Or,
ces manquements au principe inconditionnel du droit qui est le respect dautrui
comme personne et de sa liberté découlent dun principe concernant
non seulement le droit international (celui qui traite des relations entre Etats
considérés comme personnes morales), mais dun droit cosmopolite
(jus cosmopoliticum) en vertu duquel les sujets de tout Etat sont traités
comme "citoyens du monde".
Ce droit un nouveau droit, car il nexiste
pas réellement encore est celui dont le principe (article définitif
) « doit se restreindre aux conditions de lhospitalité
universelle » ; ce qui signifie que la terre, en droit, appartient
à tous et quil ny aucune raison de droit dinterdire
tel endroit ou tel autre à quiconque. Droit qua létranger
à ne pas être traité en ennemi.
Condition qui semble bien générale, bien restreinte
(en effet) au sens où elle ramène une grande complexité
à une simplicité enfantine, une naïveté, ou une abstraction
inoffensive. Comment tout le droit international peut-il être une simple
question dhospitalité ( et dhospitalité "restreinte"
à la visite) ? Cest ce qui est, chez Kant, à problématiser.
« Or, comme les relations (plus ou moins
étroites ou larges) prévalant désormais communément
entre les peuples de la terre, en sont au point quune violation du droit
en un seul lieu est ressentie partout ailleurs, il sensuit que lidée
dun droit cosmopolitique napparaît plus comme une manière
chimérique et exagérée de concevoir le code non écrit,
aussi bien du droit public que du droit des gens, pour réaliser le droit
public de lhumanité en général et par suite la paix
perpétuelle dont on ne peut se flatter de se rapprocher sans cesse quà
cette condition ».
Hospitalité
comme principe absolu et universel signifiant que tous les peuples se supportent
côte à côte, ne cherchent ni à changer le régime
dautrui ni à lenvahir. Au fond, ce qui offre lhospitalité
universelle, cest la terre entière : « personne nayant
originairement le droit de se trouver à un endroit de la terre plutôt
quà un autre
le droit à la surface appartient en commun
à lespèce humaine ». Le « droit de
visite » est celui « qua tout homme de se proposer
comme membre de la société, en vertu du droit de commune possession
de la surface de la terre, sur laquelle, en tant que sphérique, ils ne
peuvent se disperser à linfini ».
Cest un droit qui, apparemment, devrait permettre
à nimporte qui de sinstaller nimporte où, mais
qui, précisément, par un effet en retour, interdit de sinstaller
là où quelquun est déjà. Cest pourquoi
il ny a, à légard des Etats déjà installés
que droit de visite, et que le premier exemple donné de conduite inhospitalière
est celui de la colonisation : la visite devient conquête.
Je
parlais en commençant de la raison et disais que ce que lon allègue
aujourdhui comme raison relève de l "outrecuidance".
Ce mot, je le reprends à Gilles Deleuze, exactement à Deleuze
parlant de François Châtelet, dans Périclès et
Verdi. Un mot tout à fait convenable pour la situation actuelle et
applicable aux déclarations empreintes de morgue et de certitude, de
croyance béates auxquelles elle donne lieu. Je cite, car la clarté
et la pertinence du passage en vaut la peine : « Les outrecuidants,
petits ou grands, du leader de groupuscule (on est au temps de "maos")
au président des Etats-Unis, du psychiatre au P.D.G., fonctionnent à
coup de transcendances, comme le clochard à coup de vin rouge. Le Dieu
médiéval sest éparpillé, sans pour autant
perdre de sa force et son unité formelle profonde ; la Science, la Classe
ouvrière, la Patrie, le Progrès, la Santé, la Sécurité,
la Démocratie, le Socialisme la liste serait trop longue
en autant davatars. Ces transcendances ont pris sa place cest dire
quil est encore là, omniprésent) qui exercent avec une férocité
accrue leurs tâches dorganisation et dextermination ».
Cela était écrit en 1976 dans Les années de démolition.
Rien à changer : peut-être « groupuscules »
qui nexistent plus, et encore, « socialisme » qui
nest plus "Le" et en perte de vitesse. Mais surtout à
souligner Démocratie, Sécurité et, à ajouter : Dieu
tout court qui nest plus seulement "médiéval"
et qui est loin de sêtre "éparpillé". Mais,
au contraire sest concentré dans des mains et des cerveaux qui
en font, pour leur propre compte, un usage unilatéral.
Mais mon intention nest pas ici, de parler dun "retour"
dun "religieux" qui na, à vrai dire jamais disparu.
Il me suffit de noter que cette concentration paranoïaque de lusage
de Dieu au service de la raison, de lavoir raison, ne peut plus échapper
à quiconque ; renvoyant seulement à un article de François
de Bernard, Libération, du mercredi 26 mars, qui la dénonce avec
une verve pamphlétaire sous le titre de « république
théocratique et pathocratique ».Très intéressante
démonstration du détournement que connaît le principe républicain
que Kant mettait, au contraire, parmi ceux dont lextension à tous
les Etats était propre à empêcher les guerres : « Premier
article définitif pour la paix perpétuelle : Dans tout Etat, la
constitution civile doit être républicaine », en donnant
comme explication que les citoyens libres ne donneraient jamais leur assentiment
aux maux et aux dévastations quil leur faudrait supporter et « pour
combler la mesure, se charger finalement du fardeau dune dette qui remplira
damertume la paix elle-même ».
Sancta simplicitas ! Je le dis sans ironie, et seulement
pour constater que, chez Kant, le mot de république, dont le sens est
sous nos yeux si odieusement détourné, avait encore celui de prise
de partie effective des citoyens à la vie publique et de décision
libre dune collectivité dont tous les membres sont en communication
réciproque, où les raisons séchangent de proche en
proche.
Et cest enfin ce où jen viens, lopposition établie
par cette critique de loutrecuidance à tendance théocratique,
entre une Raison se changeant en un absolu que lon peut posséder
qui, de même que Dieu est aux mains dun seul camp- et la raison
elle-même qui nest jamais chose établie et possédée
une fois pour toute, mais qui est toujours en mouvement, peut se transformer
en modifiant ses références, est un devenir, un processus. Cest
encore ce que démontre et exprime lumineusement Deleuze dans cet hommage
rendu au philosophe ami. « La raison nest pas une faculté,
mais un processus » ; « il y a un pluralisme de la
raison parce que nous navons aucun motif pour penser la matière
ni lacte comme uniques. On définit, on invente un processus de
rationalisation chaque fois quon instaure des rapports humains dans une
matière quelconque, dans un ensemble quelconque, dans une multiplicité
quelconque. » Et encore : « La raison comme processus
est politique », dans la cité, dans des groupes. Retenons
ce mouvement : la raison comme processus, la raison comme instauration de rapports
humains dans une "matière", dans une "multiplicité" ;
et traduisons aussi, dans le langage de Kant dont je me suis servi au début
: cette "matière" ce sont les rapports entre Etat, internationaux
et la raison consiste à introduire en eux des rapports humains. La multiplicité,
ce sont les peuples divers de la planète, et la raison est dintroduire
des rapports humains sous la forme dun droit "cosmopolitique"
tenant compte de leur diversité ethnique et culturelle, de leurs diverses
"raisons".
Or, cet acte, ce processus de rationalisation introduit
dans la matière multiple du genre humain peuplant la planète,
cest justement le rapport humain de lhospitalité.
Cest là ce que nous dit Kant, ce qui fait que, quelque étonnant
que cela puisse paraître, l hospitalité universelle est lunique
principe dont dépende un droit pouvant conduire à la paix perpétuelle
; et surtout ce qui interdit que quelque peuple quelque Etat que ce soit puisse
avoir raison dimposer à un autre sa manière de voir, fût-elle
celle quil considère comme étant la meilleure possible,
Religion, Démocratie ou Progrès.
Il y a là de linconditionnel, comme il
y a de linconditionnel à appliquer aussi le principe dhospitalité
dans les petits groupes, où elle devient la condition sine qua non de
la vie commune .Dans tous les cas, lhospitalité est bien condition
première et informulée du droit ; il lui arrive de se traduire
en droit. Kant indique de quelle manière. Il faut pourtant ajouter que
ce principe, fondateur, est extra-juridique, au-delà du droit quil
fonde, et quil éclaire aussi , dont il montre les limites lorsquil
se traduit sous la forme dune juridiction strictement limitative. Lhospitalité
est ce qui "ramène à la raison" lorsque celle-ci ségare
en croyant la limiter au nom du raisonnable. Elle est raison élargie,
ouverte, toujours indiquant un processus de rationalisation, introduisant dans
la "matière" des groupes formés par les hommes des "rapports
humains" ; elle porte toujours en avant ce qui, entravé par
des règlements, sappesantit.
Pour conclure, je reprends la belle formule poétique dEdmond Jabès : « Lhospitalité allège ».
René
Schérer, Paris, 26 mars 2003
dernier ouvrage paru : Enfantines, Paris, Anthropos, 2002
* Première publication le 9 avril 2003 en ligne in criticalsecret. Ce texte daté du 26 mars nous paraît important dans une période d'absence de repères consensuels. Ecrit pour une intervention dans le cadre d'un séminaire universitaire à Valence qui aura lieu ces jours-ci, il a été envoyé au journal Libération où il n'a pas été jugé utile de le publier ni même à la page Rebonds. Quant à nous, nous le communiquerons avec prière de transmettre sur les listes de diffusion en France et à l'Etranger. Ce texte, La raison égarée, inaugure une page Contributions du petit journal contre la guerre, sur la question de la pensée discrimante, de la raison, et de ce qui pourrait se manifester en matière de pensée révolutionnaire aujourd'hui.
Début du texte \ Retour à la Une
L'édito circonstancié suivant est dédié à Lucien Bonnafé et à André Breton, au peuple des marcheurs qui défient les polices et les Etats abusifs, aux poètes et aux artistes, aux intellectuels non prescriptifs, scientifiques et écrivains contre la guerre. Il est libre de reproduction. \ retour à la Une
3\5 > Editorial circonstancié
'Dancing
against the war > links
DANSER
CONTRE LA GUERRE
DANCING AGAINST THE WAR
Danser [avec la même passion et violence] pour ne pas faire la guerre (André Breton cité par le peintre Matta, et par le philosophe Jean-Paul Dollé sur la création artistique de l'image, la révolution par l'art et à propos de la danse). C'est Nadja la splendeur du papillon.
Au moment où le fonds Breton va se disperser depuis la Salle des Ventes Drouot, à Paris, on actualise que l'art pour révolution c'est danser pour ne pas faire la guerre : avec la même passion, la même violence. Telle est une vision de la fraternité.
Imaginée dans l'horreur contre l'horreur renouvelée depuis l'hôpital psychiatrique de Saint Dizier, où André Breton faisait son stage d'interne dans l'environnement des victimes de la première grande guerre, la révolution surréaliste paraît poursuivre d'interpeller l'actualité, le radicalisme artistique de la communication modulaire en révolte sur le web, les millions de personnes qui se sont mises en marche partout dans les villes du monde contre la guerre.
Emerge un concept d'universalisme des droits des citoyens et des peuples à disposer d'eux-mêmes dans un événement imprévu. Cette manifestation soudaine d'autonomie populaire contre la défaillance des institutions sous l'influence abusive de la puissance américaine, exprime un pacte unitaire spontané et symbolique. Ainsi, les images de la communication intransitive retrouvent un instant leur rôle progressiste de masses médias, éducatif, narcissisant, miroir de la protestation des masses diffuses et de leurs mots d'ordres, partout dans le monde chaque jour. Une fois n'est pas coutume, et serait-ce à défaut de pouvoir fournir les images de la guerre déployée sur place.
Il ne
peut y avoir d'hostilité globale contre les Etats-Unis, sinon contre
les structures internes ou délocalisées actuelles de l'Etat américain
et les lobbies et sectes qui les dirigent, les manipulent, agissant tant au
centre qu'à la périphérie :
quand l'actuel président US fut élu avec le concours
de fraudes électorales ;
quand mille personnes contre la guerre sont arrêtées
à San Francisco et les manifestants violentés par la police, au
moment même où, à Washington, la Maison blanche se transforme
en bunker interdit de circulation publique urbaine. Ce qui ne s'était
jamais produit auparavant, à en croire il
y a quelques semaines Jacques
Derrida (quoique
critique mais qui en faisait encore une référence de démocratie
malgré tout, lors de "
La controverse" sur la guerre et le terrorisme,
conférence de l'Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse organisée
par René Major à Paris) : c'est désormais prescrit. L'avis
de Jean Baudrillard n'y était pas apparu le même.
quand de plus le président de la CIA, même pas un
militaire du Pentagone, répond aux journalistes à la place du
Chef de l'Etat qu'il assiste, la nuit officielle du début de la guerre...
quand enfin toutes les mesures d'écoute privées
et publiques, de surveillance de l'hypermedia, de délation, de compromission
des négociations sont dûment diligentées en monnaie sonnante
et trébuchante et avantages divers, près les diplomates de l'ONU
et les dirigeants des Etats, à l'effet de faire basculer leur position
faute d'avoir pu les convaincre politiquement...
Tout ce qui aurait encore fait scandale, il y a moins de dix ans dans la presse américaine elle-même qui aujourd'hui n'en fait presque rien, révèle soudain contre quoi le peuple américain conscient et actif va devoir lui-même se battre, et dans le risque interne des périodes "sécuritaires", en pleine régression des libertés citoyennes annoncée pire que la période de la Guerre froide, depuis le 11 septembre.
Il y avait, il y a les Refuzniks se qualifiant eux-mêmes de l'honneur de Tsahal (l'armée d'Israel), à propos desquels Leila Shahid souligna, au dernier meeting de "trop c'est trop" organisé par La Ligue des Droits de l'Homme, toujours à Paris, que leur héroïsme contre la peur et la culpabilité représentait la seule chance locale pour les Palestiniens de pouvoir coexister avec les Israéliens demain, serait-ce dans deux Etats autonomes voisins.
Il y a ces militaires professionnels anglo-américains engagés volontaires pour fuir le chômage ou dériver leur violence vers une cause qu'ils pensent plus honorable que la criminalité. Il y a déjà tous les morts civils sous leurs bombes, il y aura, il y a déjà leurs propres morts sous le feu résistant adverse, quand ils ne sont même pas formés comme des mercenaires mais comme des machines, la plupart ne sachant ni contre quoi ni pourquoi ils se battent ni même, pour un certain nombre, où ils se trouvent. Il y aura désormais les victimes des grenades lancées par un des leurs, GI humilié et devenu fou parce qu'il serait musulman dit la rumeur ?
Maintenant, en plus des Refuzniks sur lesquels chez eux se renforceront répression et menace (l'objection de conscience relève pourtant des droits des soldats des armées démocratiques ou républicaines, s'agissant de l'armée du peuple), quand d'autre part l'ONU vient de prouver en quoi elle ne serait plus en mesure de secourir quiconque concernant les droits de l'homme, nous voyons le supplément de milliers de civils américains, de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud, qui marchant radicalement contre la guerre faite par leur gouvernement contre le monde, et déjà nous pouvons savoir qu'ils devront fonder leur mouvement de résistance ou perdre pour longtemps leurs libertés symboliques et matérielles dans leur propre pays.
Cependant nous, qui théoriquement serions dans une meilleure condition internationale, nous voyons soudain inquiétés nos citoyens de plusieurs générations ascendantes d'émigration, sur notre propre sol en plein réaménagement administrativo-policier.
Que dire des événements de provocation et de répression qui font leur chemin quotidien et particulièrement manifeste depuis Gênes, en Italie ?
Ceux qui se battent aux Etats-Unis et dans les pays anglophones, telle l'Angleterre contre la guerre, contre l'entrée en guerre de sa propre armée mobilisée par son propre gouvernement : comment ne pas leur être solidaires, quand nous voyons ici, en dépit des apparences passagères du fait des circonstances, l'engagement du gouvernement qui paradoxalement nous honore, comment peut-être nous aurons aussi fort à faire pour défendre nos vives facultés ?
Un nouveau fascisme sans doute possible aujourd'hui se révèle à l'horizon de l'Etat américain ; il se serait ancré dans les organisations supranationales et serait relayé dans la société mondiale. Il désignerait une progression de la puissance des sectes et des lobbies dans les sociétés néo-libérales de l'argent et se serait donc construit, force militaires à l'appui, telles de grandes milices dans notre dos, à la périphérie de nos propres idées, après la chute du mur de Berlin? Pourtant, tout cela fut annoncé dans des scénarios publiés dès les années 70, puis de nouveau à propos des accords du GATT et enfin, après la première guerre du Golfe : quels médias, quels groupes politiques crédibilisèrent ces informations ?
Ce pouvoir de foi et d'argent prétendrait par exemple gérer de façon sélective les peuples et l'aménagement des ressources mondiales : matériel, biologie, écologie, humanité. Pour ce faire, il devrait arraisonner les rapports de force critiques. Pendant ce temps, nous tenions notre petit train alternatif au sein des communautarismes en quête de leur légalisation: en fait, y compris l'ethnocentrisme, ils participent en tout point du même principe de lobbying, point fractal dans la grande image.
Ainsi voyons-nous quelques unes de nos meilleures idées renversées en leur contraire, tel le droit d'ingérence, car l'utopie à ne pas demeurer en projet n'advient pas en semblable réalité. Autant à travers les réactions sécuritaires, qui paraissent répondre à la culpabilité née du refoulé du pouvoir démocratique accomplissant sa propre disparition, car la terreur, que ce pouvoir s'inflige d'accompagner de tels changements contre ses promesses, suppose dualement le fantasme de répliques innommables, alors qu'en celles-ci il configure d'abord la monstruosité de sa propre trahison et dans la culture imprégnée des vieilles religiosités, il élabore sa propre punition, se protégeant ainsi de la colère populaire... Le terrorisme aujourd'hui est partout, mais d'abord objectivement, virtuellement (imaginairement) et réellement (matériellement), à la fois contre et du côté ou au service opportun des Etats démissionnaires de leur pacte symbolique, qui ne cessent de le faire vivre sous couvert de le conjurer.
Car nous retrouvons cette nouvelle structure dans les Etats qui composent les localités à l'image du système mondial, dévoilé par tout le développement des prémisses et de l'éclatement de la guerre totale en Irak, pour le réaménagement du territoire le plus étendu, géographiquement, économiquement et politiquement, et le maintien de l'influence, après le règlement de comptes catastrophiques de celle qui le mène sur place.
Le nouveau fascisme à double visage entre par toutes les portes, y compris les plus dérobées dans tout le monde occidental, et c'est particulièrement surprenant au sein des pays de l'OTAN notamment européens qui en avaient perdu l'habitude : des plus anciens à ceux qui après en être sortis y sont revenus (la France), jusqu'aux plus récemment accourus après l'effondrement de l'URSS.
L'organisation Européenne elle-même en serait une desserte : nous voyons se reproduire les passages à l'acte contre la démocratie par la structure américaine à l'ONU de la même façon, bizarrement obscène, à Bruxelles ; les écoutes privées et publiques, systématiques et immédiatement opérationnelles, probablement cautionnées par les services secrets anglais, laissent imaginer la dimension immergée dans les autres domaines. Du moins l'Europe n'émargerait-elle pas aux services secrets à la botte de tels pouvoirs, mais étant bien intriquée dans les organisations mondiales, ce qui aurait paru normal sous un peu d'éthique, imiterait-elle singulièrement leurs nouvelles attributions étatiques auto-proclamées ?
Maintenant,
les peuples du monde paraissent s'être levés à propos de
l'Irak, devant la pratique d'un pouvoir impérial difficilement identifiable,
irrespectueux de leurs propres droits au cur même de l'assemblée
sensée les représenter.
Nous voyons les exclus manifester en Argentine contre la guerre, tandis que
les survivants 'friqués" de la crise-laboratoire, causée
sous la gouverne des Banque mondiale et FMI, vit dans ses quartiers urbains
derrière des barbelés et presque au même moment, on apprend
que la Patagonie pourrait être achetée moyennant la résorption
de la dette par l'Etat américain, lui, le plus endetté du monde
jusqu'à l'arrivée du lobby qui installa Bush junior! Avant de
savoir qui payera : lesquels qui a donc payé ?
Et puis, qu'avons-nous fait pour les Argentins, n'est-ce pas, puisque cela touchait les petits épargnants, pas les Argentins les plus pauvres ? Quant aux plus pauvres : qu'avons nous fait pour les pays d'Afrique qui sous prétexte des corruptions locales furent les premiers cobayes de ces déréglementations dûment programmées ?
Que penserions-nous aujourd'hui de tout cela sinon, à l'instar d'une réactualisation de la sensibilité politique de Frantz Fanon, tirant les leçons de la France et de l'Algérie où il fut médecin pour l'armée française, que les nouveaux "damnés de la terre" seraient peut-être en train de se lever une fois nouvelle, non pour réclamer de la nourriture et "crèveraient"-ils de faim, mais pour défendre l'idée même de la survie conceptuelle de la liberté sur la planète: serait-elle défaillante chez eux, du moins à leurs yeux elle devrait donc subsister quand même au monde ? Part maudite, la liberté. Elle se dépense, elle n'est pas à vendre, elle se dilapide. Elle ne sert à rien. Justement, on ne peut acheter ceux qui la réclament encore après qu'on les en ait dépourvus. C'est un paradoxe imprescriptible.
Et ils crient partout le refus du pouvoir mondial plus largement qu'à Seattle, et leur révolte contre les organisations unies sur la question des droits après la seconde guerre mondiale, car elles devaient représenter universellement leur "part maudite", alors qu'elles se vendent dans le scandale absolu de la disparition de la démocratie, jusqu'au territoire qui affichait de l'avoir fondée.
Et ils désignent que des répressions épouvantables dans le monde sont annoncées ou des révolutions supranationales.
Il ne s'agit pas d'une opinion mais d'un constat que peut-être nous ne devrions pas négliger de faire : les marcheurs, inclus ce qu'il reste de paysans sur toutes les chaussées urbaines du monde, du plus dépourvu au plus pourvu, manifestent le triomphe de l'universalisme pour ultime confiance anthropologique des peuples parvenus au terme des modernités.
Or, cette façon autonome, loin des partis, s'agirait-il de Starhawk ou même des "multitudes", est un concept qu'aucune organisation politique majoritaire ni minoritaire, pas même d'extrême gauche, pas davantage d'extrême droite afficherait-elle parfois contradictoirement la confusion des nationalismes résiduels au sein d'une masse qui ne les supporte plus, ne peut prétendre représenter ou avoir structuré, penserait-elle légitimement y avoir concouru pour sa part.
Depuis l'émergence de cette singularité d'autonomie pour événement matérialiste, et son consensus universaliste spontané, il pourrait paraître fécond de refonder la critique et de considérer l'importance stratégique intelligente, cognitive, des micro-localités exclues du pouvoir, que ce soit face aux répressions ou aux réformes annoncées?
Aujourd'hui, on craint plus encore pour les Kurdes sous trois feux, et l'on pourrait penser que même les Kurdes, à juste titre ennemis du tyran Irakien qui tenta de les exterminer, quand ils revendiquent encore la reconnaissance de leurs propres droits, auraient paradoxalement mieux fait d'affirmer plus radicalement leur position contre la guerre, alors qu'ils se laissèrent constituer en faux prétexte des coalisés.
Ritournelle : car ceci rituellement n'est pas une guerre dialectique, c'est une guerre totale contre le droit des peuples et c'est pourquoi ils crient dansant la ronde, aujourd'hui. On a bien remarqué, l'Histoire moderne nous a appris, que la fin ne paraissait plus justifier les moyens, que structurellement prédictivement les moyens annonçaient leur fin leurs objectifs.
Ainsi, la société de la communication atteindrait-elle l'âge de sa maturité planétaire, cette "heureuse fiction" deveindrait-elle une réalité ? Danser avec la même violence et la même passion pour ne pas faire la guerre. \Retour à la Une
A
Paris, le 21 mars 2003
Aliette
Guibert-Certhoux
(suite à
une réponse pour la liste collective-cultures
sur la liste nettime.fr, à
une série de conversations avec Loz,
et à la semaine
du 19 Février : Rencontre La
Controverse : pourquoi la guerre ? Institut
des Hauts Etudes en Psychanalyse, Paris et Rencontre du mouvement Trop
c'est trop, organisée par La
ligue des droits de l'Homme \ Paris
)
DANSER
POUR NE PAS FAIRE LA GUERRE
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4/5 > Libre langue, libre pensée
En poésie, en Art, comme à propos de l'univers matériel, l'ellipse consentie installe la construction des métaphores dans un principe d'autonomie, de même que les configurations symboliques des individus et des sociétés qui les effectuent, les repèrent, les conceptualisent. C'est une structure dynamique de la liberté, prédictible de futur non lié au projet de destin comme volonté, (On ne parle pas ici des ellipses imposées par le pouvoir ni des accidents meurtriers, ni même des catastrophes, ni davantage des défaillances ou traumatismes qu'elles causent par substitution ou défaillance des traces, ou par leurs conséquences et en majeur partie desquels, au contraire, l'aliénation fait son lit).
La mémoire active, qui élabore la conscience indirecte de l'événement dans sa confrontation des leçons tirées du passé, avec l'expérience de la singularité de l'actualité comme phénomène, identifie de façon pragmatique l'avancée anthropologique et la désigne dans la formation ou l'éducation. Le même processus, qui suppose un septicisme objectif du penseur à l'égard des circonstances de sa propre existence, prédit l'inconnu et l'altérité ; il génère une culture auto-critique qui suppose possible l'autre éventualité et par là, il préside aussi à la souveraineté critique citoyenne.
Avec la communication généralisée, ce doute appliqué aux médias, même décrédibilisés au terme de leur généralisation intransitive, ne les a pas départis d'informer la mémoire collective à la périphérie des structures des Etats (comme on évoque chaque topologie, on entend la périphérie respectivemet depuis le lieu où l'on se trouve ; ce lieu sous-entend les autres possibles). On ne pourrait nier que la communication participe des processus de la cognition collective, serait-ce une culture de l'environnement et à ce titre une sous-culture, non une culture de la pensée.
Nous voulons dire l'activité effective de la liberté de penser, action personnelle et sociale de l'autonomie de la réflexion, non la libre opinion (par exemple non conformiste, ou encore immorale dans le code de la société), ni la croyance ( nous évoquons le code de représentation et d'identification, pas le mysticisme : dans une religion, dans le pouvoir même élu, dans l'information intransitive, dans la rumeur, etc...) : car l'une et l'autre sont d'une autre consistance, liée aux affects privés ou communautaires ; elles supposent un second stade de la tolérance, corrélatif du statut de penser ; ce qui aujourd'hui énonce une priorité de la pensée radicale, à l'inverse de celle qui put décrire l'ordre d'apparition proto- historique et historique des civilisations sous l'angle des religions représentatives, de l'animisme aux religions du progrès ou de la rupture, messianismes inclus dont la modernité.
Le psychiatre Lucien Bonnafé qui en pleine guerre contre le gouvernement de Vichy, eugéniste, donna toute la place aux malades, ne tenait pas la folie pour définie sinon voisine de la poésie et de l'art et sans la confondre : symptôme particulier et général ou plutôt culture de l'anormalité particulière, le langage du fou disant le monde autrement, et le langage qui le désigne comme fou disant le monde prescriptif selon l'environnement. En cette dialectique put-il imaginer une idée différente de la société, à la fois plus folle et plus sage qu'elle n'est, et lui donna lieu à l'hopital dès les années de guerre ; puis ce fut l'innovation institutionnelle (analyse et topologie de la psyschiatrie institutionnelles, le secteur urbain selon le modèle du dispensaire), qui inspirèrent plusieurs générations de médecins, d'intellectuels, de réformateurs ou acteurs de projets l'appliquant à d'autres domaines, par exemple à l'analyse et à la construction de la ville et à son animation sociale. Il permet encore de situer une des racines du concept de l'Art brut de Dubuffet près des malades depuis la seconde guerre mondiale et jusqu'à la période postmoderne, qui traversa des avant-gardes comme Fluxus et Polyphonix et forgea le sens de rencontres comme celle de Felix Guattari et de Jean-Jacques Lebel.
Stéphane Gatti remarque qu'après la disconvenue de l'anti-psychiatrie, au moment où la chimiothérapie plus économique du cadre thérapeutique et plus "sécuritaire", plus commerciale aussi (et de plus en plus souvent alliée à la discipline psychanalytique), règne en maître dans l'univers hospitalier comme dans la médecine de secteur, l'importance posthume de Lucien Bonnafé pose, posera inévitablement, la question de l'actualité pertinente sur ces questions. \Retour à la Une
5/5
> Postface pour Bonnafé à Eluard
Voici le poème connu dans le monde entier sous le titre "Liberté j'écris ton nom", autant que les paroles du Chant des partisans par Joseph Kessel ; à peu de temps près, il marque la date de la rencontre de Paul Eluard avec Lucien Bonnafé qui de 1939 à 1944 fit un travail considérabe à L'hopital psychiatrique de Saint Alban, en Lozère, lieu de résistance où vinrent le retrouver ses amis.
LIBERTE
Liberté
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orages
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul
Eluard
in Poésies et vérités 1942
Editions de Minuit, 1942
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