MAFIA - MODULE 4
Sur mon enfance proprement dite, il n'y a pas grand-chose à dire, en tous cas pas grand chose à dire dont je me souvienne précisément, comme si, inconsciemment, j'avais décidé de... tirer un grand rideau de fer sur une grande partie des années d’enfance. D'où finalement n'émergent que quelques souvenirs, parfois très heureux, parfois très cruels.
Mon père vivait de son côté, lui qui fut un officier de la marine de guerre italienne, il avait trouvé un emploi dans les chantiers navals de la région bordelaise. Quant à ma mère, Antioche, elle avait finalement choisi de vivre une autre vie, plus romanesque, loin des hommes auprès de sa voisine, devenue sa compagne... Rosa. Vivre dans l’ombre de ces deux femmes, ne me parut jamais ni à moi ni à mon frère une expérience singulière puisque, en fait, cela pour nous représentait la vraie vie : la semaine avec deux femmes, deux mères, et en alternance tous les quinze jours nous rendions visite à notre père. J'ai donc vécu entouré de femmes avec une présence paternelle aléatoire, discrète, ondoyante, anecdotique. Mon père était ce qu'il convenait d’appeler un brave homme, honnête, travailleur, sans doute un peu stupide, sans doute un peu raciste, sans doute un peu dépassé par la situation.
(Silence)
Mon seul ami réel dans cette ville était un garçon de mon âge, fils d'immigré anarchiste espagnol -- Bordeaux compte une grande communauté de réfugiés espagnols
républicains et anarchistes -- et c'est probablement avec ce garçon que j'ai pu
commencer à percevoir les aventures potentielles offertes par le monde. / / / / /
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On my childhood, there is not much to say which I remember exactly as if unconsciously, I had decide to pull a big iron curtain on a part of my childhood’s years. Finally appears only some memories, sometimes very happy, sometimes very cruel.
My father lived alone; he was an officer of the Italian navy. He found an employment in the shipyards of the Bordeaux region. As long as to my mother, Antioche, had finally chosen to live another life, more romantic, far from the men’s world, with her neighbour would become her lover... Rosa. To live in the shadow of these two women, not me appeared never, neither to me nor to my brother, a singular experience, because in fact, for us, it was the true life: the week with two women, two mothers, and in alternation every other week we visited our father. I lived, surrounded by women with an unpredictable discreet, rippling, anecdotal paternal presence. My father was what it is advisable to call a "good guy": honest, hard-working, doubtless a little bit stupid, doubtless a little bit racist, doubtless overtaken by the situation.
(Silent)
My only real friend in this city was a boy of my age, a son of Spanish anarchistic immigrant - Bordeaux counts a big community of Republican and anarchistic Spanish refugees - and it is probably with this boy that I was able to perceive the potential adventures offered by the world.