MAFIA - MODULE 10
Dans le désastre intérieur où je me promène, cette question du balancement continu, entre le sublime et le mal... trouverait peut-être... une voix, du côté du
merveilleux. (Silence)... Car il est essentiel de parvenir à comprendre la nature et l'ampleur de la part de nous-même, qui se manifeste, lors d'un échange merveilleux, mystérieux, quasi-divin, avec le monde, avec la nature, avec les oeuvres, avec les autres. Avec les autres -- avec les autres y compris une fois qu'ils sont morts.
Il est plus essentiel encore de comprendre la part qui jamais ne sera présente dans cet échange. Une part de nous-même est accessible à l'autre, et l'en priver serait inutile, et indécent. Une part de nous-même et des autres reste inaccessible... Par manque de courage, de volonté, de disponibilité, de générosité, d'humilité, et sans doute par peur de ce qui pourrait advenir alors. Cette part manquante explique pourquoi notre commerce avec les autres peut se révéler d'une grande et belle intensité, tout en demeurant dans l'ordre de l'ordinaire. Nous mettons une belle énergie à refuser d'entrouvrir les portes du merveilleux, car nous pensons ne pas avoir les moyens de surmonter -- de surmonter l'inouï qui pourrait surgir. Avertis par nos expériences antérieures, ou ce qui en tient lieux, nous spéculons sur le réveil des souffrances potentielles, et nous concentrons notre énergie à ne pas nous prendre les pieds dans le tapis de la désillusion. Le doute qui advient alors est tel, qu'il congèle, par anticipation, notre désir de franchir le seuil du merveilleux.
Il est vrai que le prix à payer n'est pas mince. Mais en contournant nos ambitions aux cartographies du possible, et du souverainement raisonnable, c'est à nous-même
que nous interdisons l'accès. Nos expériences précédentes auraient pourtant dû
nous permettre de comprendre qu'il n'y a de désillusion, qu'à proportion de
l'illusion qui règne sur le monde, en pute magnifique. L'illusion du monde, de
la nature, des oeuvres, et de l'autre, n'est en fait que de la conscience congédiée.
C'est parce que nous avons répudié la splendeur qui nous appartient, que les
portes du merveilleux se sont lentement renfermées. Et quand se présente Ã
nouveau l'hypothèse d'un sursaut, nous devrions nous demander avec qui,
comment, et pourquoi cette part de nous-mêmes, artificiellement maintenue en
jachère, trouvera son emploi. Nous avons l'intuition encore un peu vague,
qu'elle ne le trouvera finalement que dans un extérieur de nous même. Comme si cette
dimension de notre être n'existait que dans l'attente de sa reconnaissance, de
son acceptation, de son partage.
C'est peut-être à ce moment là seulement qu'il nous est possible d'accéder à la conscience du merveilleux, inclue dans l'abandon de soi à l'autre. Cet abandon implique, bien sûr, quelques préalables. Une appropriation lucide de sa propre puissance, c'est-à -dire de sa propre disponibilité à trier, entre ce qui reste négociable, et ce qui ne l'est pas. Une appropriation risquée de la puissance de l'autre, et de sa capacité à nous convier dans l'au-delà de l'ordinaire de nous-même, c'est-à -dire dans notre part de splendeur jusqu'alors désertée. Quand nous parviendrons nous-même au seuil de la grande mort, il nous sera loisible
d'établir la liste de celles et de ceux qui seront admis à engager une ultime
conversation à nos côtés. A cet instant précis, au paroxysme enfin atteint de
la conscience de soi, le tri sera facile et évident : ceux qui seront là d'abord
transis de chagrin, accueilleront ensuite, sans formalités inutiles, la part
vive de nous-mêmes comme une renaissance d'eux-mêmes, comme un mystère Ã
transmettre, et tous nous connaîtrons alors la joie jaillissante, au coeur même de
la peine. / / / / /
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In the internal disaster where I walk, the question of the continuous balance between the sublime and the evil would maybe find a voice at the side of the wonderful. Because it is essential to understand the nature and the scale of the part of ourselves, which shows itself, during a magnificent, mysterious, quasi-divine exchange, with the world, with the nature, with the works, with the others. With the others --with the others including when they died.
Still It is more essential to understand the part which never will be present in this exchange. A part of us is accessible to the other one, and to deprive it would be useless and indecent. A part of us and the others remain inaccessible. Due to the lack of courage, of will, availability, generosity and humility, and doubtless by fear of what could happen This missing part explains why our exchange with the others can show itself of a big and beautiful intensity while living in the order of the common. We put a beautiful energy to be refused to half-open the doors of the wonderful, because we think, we don't have the abilities to surmount -- to surmount the incredible which could appear. Warned by our internal experiences or those which consider as them, we speculate about the return of the potential sufferings and we concentrate our energy not to stumble in the carpet of disillusion. The doubt which happens then is such that it freezes by anticipation our desire to cross the threshold of the wonderful.
It is true that the price to pay is hard. But by getting round our ambitions in the cartographies of the possible, and the supremely reasonable, it is to ourselves that we forbid the access. Our previous experiences would nevertheless have had to allow us, to understand that, there is disillusion, only in proportion of the illusion which reigns over the world in magnificent whore. The illusion of the world, of nature, the works, and the other one is in fact only the dismissed consciousness. It is because we repudiate the magnificence which belongs to us, because the doors of the wonderful slowly closed again. And when again appears the hypothesis of a new jump, we should wonder with who, how, and why. This part of us, artificially in lying fallow, will find its use. We have still the intuition a little bit vague, that it will find it only in an outside of us. As if this dimension of our being existed only in the wait to its recognition, to its acceptance, to its sharing.
It is maybe at this moment, only when it is possible to us to reach the consciousness of the wonderful included the self-abnegation in the other one. This surrender implies, off course, some prerequisites. A lucid appropriation of its own power, that is to say own availability to sort, between what it is negotiable and what it is not. A risky appropriation of the power of the other one, and its capacity to invite us beyond the common of ourselves, that is to say in our part of magnificence until then left. When we shall reach ourselves at the doorway of the big death, it will be free for us to establish the list of men or women will be allowed to the ultimate conversation to our sides. At this precise moment, in the paroxysm finally reached at the self-awareness, the sorting will be easy and evident: those who will be numbed there with sorrow at first, will receive then, without useless formalities, the part lives in ourselves as a rebirth of themselves, as a mystery to hand on and all will know about us then, the gushing enjoyment in the heart of the sorrow.