MAFIA - MODULE 12
Je voudrais revenir un moment, sur cette question du merveilleux, dont j'ai parlé... dont j'ai parlé un peu avant. Je me souviens d’une opération menée en Afrique, au Mali, dans une région habitée, conjointement, par deux ethnies : les peuls et les dogons. De façon anecdotique, je dirai que cette opération fut un fiasco total et que je ne m'attarderai pas, donc, sur les... ni les objectifs, ni les enjeux, ni les conditions de réalisation de ce fiasco.
Mais... il s'est trouvé, pendant ce séjour, que les circonstances m'aient amené Ã
séjourner, pratiquement pendant une semaine, dans une zone semi-désertique, à la limite des territoires Peul et Dogon. Et la chance, si l'on peut dire, a voulu, que j'aie la possibilité, le loisir, l'opportunité, de rester seul, plusieurs jours et plusieurs nuits, dans cette zone -- de rester seul et d'y marcher, longtemps, marcher de jour, de nuit. Jamais je n'avais perçu, comme là , l'extraordinaire densité, des paysages, et leur propension tout à fait inouïe à provoquer des apparitions, des hallucinations. Comme si à cet endroit du monde, le merveilleux n'était plus du tout une question ni théorique, ni poétique, ni une spéculation. Là , à cet endroit là , le merveilleux était évidemment la chose la plus naturelle, et la moins surnaturelle qu'on puisse imaginer : qu'à chaque branche d’arbre, bosquet, petite dune, qu'à chaque apparition de petit rongeur et de mammifère du désert, qu'à chaque personne entrevue au loin, pasteur ou chasseur, quelque chose comme un bouleversement de l’âme se produise... qui nous laisse, paradoxalement à la fois pantois et survivant. Survivant au sens de plus que vivant, beaucoup plus que vivant, beaucoup plus que passant, beaucoup plus que témoin, survivant comme... en capacité à ce moment là , à cet instant là , d'engager la conversation avec les Dieux. / / / / /
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I would like to go back one moment on this question of the wonderful, of which I spoke, of which I spoke before. I remember an operation led in Africa, to Mali, in a region lived collectively by two ethnic groups the Peul and Dogon. For anecdote, I would say that: this operation was a total fiasco and that I wouldn't linger neither over the stakes, nor over the objectives, nor the conditions of realization of this fiasco.
But it was during this stay which circumstances brought me to stay during a week, in a semidesert zone in the border of the Peul and Dogon territories. The chance, if we can say, gave me the possibility, the opportunity to stay alone several days and several nights in this zone; to stay alone, and to walk there for a long time, I walked by day, by night and ever I perceived there the extraordinary density of the landscape and their completely incredible propensity to provoke apparitions, hallucinations. As if in this place of the world, the wonderful was anymore neither a theoretical question, nor a poetic, nor a speculation. In this place there, the wonderful was the most natural, the least supernatural thing which we can imagine; in every branches of trees, copses, small dunes, in every appearance of small rodents and mammals of the desert; every person made out in the distance, preacher or hunter, something as a disruption of the soul occurs in us and lets us paradoxically stunned and survival. Survival in the sense furthermore more than live itself, much more than passing, much more than witness, surviving as a capacity at this moment, at this moment here, to engage the conversation with Gods.