MAFIA - MODULE 13
Je l'ai sans doute déjà dit ailleurs, nos opérations nous entraînaient souvent du côté de l'Amérique Latine. J'ai eu à intervenir dans différents pays... Il me revient
d'être intervenu, à trois reprises, dans le contexte très particulier de la
grande favela de Rio de Janeiro. Trois interventions, trois commanditaires,
trois meurtres, un seul lieu. La première opération fut menée pour le compte d’une organisation suisse, masquée sous l’apparence d’une ONG, intervenant dans les domaines de santé, et les campagnes de formation à la protection... au virus du SIDA. La deuxième fois, toujours dans la même favela, le commanditaire représentait les intérêts, de groupes financiers importants liés à l'édition musicale, des chanteurs et des musiciens brésiliens. Et la troisième fois, j'ai dû intervenir dans le cadre d’un règlement de compte, assez violent, supposé solder une affaire de blanchiment d'argent, organisée dans le domaine du marché des œuvres d’arts... Les trois opérations menées dans le même endroit, m’ont donné trois points de vue complètement différents sur le même territoire.
La première fois, du point de vue du social, je fus confronté au discours standardisé sur la misère, la pauvreté, et la précarité. La deuxième fois, je fus confronté à la vision que les riches, des riches brésiliens, ont sur leur société, et sur la facilité avec laquelle, par la magie des illustrés culturels, certains se retrouvent propulsées directement de la fosse à purin au sommet de l’Olympe. La troisième fois, il me fut donné d'assister de près à la manière dont l'activité artistique, notamment dans les milieux de l'art contemporain, n’est qu'un cache sexe misérable permettant l'organisation de trafic, extrêmement fructueux, pour le blanchiment de l'argent de la drogue.
Le point commun à ces trois histoires c'est qu'elles se déroulent sur un territoire, et que ce territoire est une vallée arrondie, surplombant la baie de Rio, que les hommes, les femmes, les enfants, qui vivent là , qu'ils soient très riches ou très pauvres, qu'ils soient très corrompus où très humbles, qu'ils soient très au fait de l'état de la planète ou simplement intéressés par les douze centimètres carrés de leur aire de jeu... tous ont en commun d’avoir un point de vue unique sur la baie de Rio. Tous regardent du même endroit, de la même hauteur. Tous ont dans les yeux la même possibilité d'élargir le monde par leurs regards... / / / / /
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I already said it somewhere else, our operations often involved us towards Latin America. I intervened in various countries. I remember to be intervened three times in the very particular context of the big favela of Rio de Janeiro. Three interventions, three backers, three murders, a single place. The first operation was led for a Swiss organization masked under the appearance of the NGO occurring in the domains of health and the formation campaigns for the protection against the AIDS virus. The second time, always in the same favela, the silent partner represented the interests of importing financial groups bound to a musical publishing of singers and Brazilian musicians. The third time, I had intervened in the case of a settling of scores fairly violent, supposed to end in a case of money laundering organized in the art market. Three operations led in the same place, gave me three completely different points of view onto the same territory.
The first time, from the point of view of the social, I was confronted with the typical speech on the misery, the poverty, the precariousness. The second time, I was confronted with the vision that the richest in rich Brazilians have on their society, and the ease with which by the magic of the cultural entertainment some people find themselves, directly propelled , from the deep shit to the top of the Olympia. The third time, it was given to me to see closely the manner that the artistic activity, in particular in the circles of the contemporary art, is only a miserable G-string allowing the organization, to do profitable traffic, with the money laundering of the drug.
The common point to this three stories, it take place on a territory, and because this territory is a rounded off valley overhanging the bay of Rio. That the men, the women, the children, who live there, that they are very rich or very poor, That they are very corrupt or very humble, that they are informed about the state of the planet or simply interested by the twelve square centimetres of their playground. All have in common to have a unique point of view on the bay of Rio. All look of the same place, the same height. All have in eyes the same possibility to widen the world by their glances.