Radio.
Anne Querrien est l'auteure d'une première traduction héroïque pour criticalsecret, néanmoins la tendance n'a pu être retenue pour être publiée, trop personnelle quant aux engagements respectifs du texte d'auteur. Mais nous considérons que sa participation initiale fait partie du "hacking" collectif qui a conduit à la version éditée.
Succédant à Jean-Marc Terrasse, elle commence par évoquer sa propre visite au musée Louvre, en compagnie d'un groupe de chinois invités par son ministère (le Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement, où elle exerce la direction dans son domaine d'activité).
Mona Lisa est devenue parfaitement invisible sous sa vitre. Par contre, la Vénus de Milo ne présente aucune protection, on peut non seulement la voir mais encore la toucher. Les chinois disent que sans nulle doute à leurs yeux (avec toutes les connotations relatives que cela suppose et indique), par conséquent la sculpture est un faux.
Puis elle s'exprime sur la traduction qu'elle avait faite, notamment elle justifie les mots qui ont été abandonnés, tels "réseaucrates" pour ce que nous avons appelé "vectoralistes", afin de rester au plus proche du concept original, ou "araisonnement" d'après un concept de la technique chez Heidegger, pour "hacking" que nous avons maintenu tel. Etant son temps d'allocution, il n'y a pas de discussion, au moment même.
Enfin, elle évoque le coût de l'impression du livre pour dire que la gratuité dans ce cas n'aurait pas de sens. Sans doute à cause des temps de parole à devoir lui succéder, personne ne pense à opposer la question du don, pourtant annoncée dans l'ouvrage et qui peut s'appliquer en toute cohérence à l'acte associé de l'éditeur -en français.
Fichier son (téléchargeable) :
http://criticalsecret.com/n15/fichiers/querrien.mp3
Anne Querrien est, entre autres : directrice de la rédaction de la revue
Les annales de la recherche urbaine, membre de la revue
Multitudes et de la revue
Chimères, co-fondatrice avec Félix Guattari du CERFI --
version FR /
EN version -- et de la revue
Recherches (fonds éditorial suivi par les
Editions Recherches, Florence Pétry).
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NDLR : Quoiqu'elle laisse à part l'évocation du don - que nous considérons d'importance -, l'intervention de Anne Querrien sur la gratuité, issue de sa pratique institutionnelle éditoriale au quotidien, soulève un problème intéressant. Ce n'est pas une quête de rentabilité, mais une recherche pragmatique d'autonomie par l'équilibre, dans une conception économique du projet. Ainsi, penser la dépense et le don comme exigence symbolique, alternative à l'impuissance économique - tant que le sacrifice peut exister -, ne résoud pas qu'en effet le résultat, dans l'environnement, soit qu'un livre librement entrepris ne puisse être gratuit pour autant (travaux de production gratuits mais matériaux et production de l'impression coûteux), dans le cas des donateurs populaires sans ressource mécènale ni recours aux fonds d'aide. Les choix d'édition et de présentation de l'ouvrage que nous avons faits, dans un contexte où les diffuseurs ne prennent plus de nouveaux éditeurs, ce qui empêche d'envisager de hauts chiffres de tirage, ne permettent pas d'estimer que le remboursement intégral des actes soit possible, sauf apports imprévus. L'équation d'équivalence concerne le coût de l'impression, lié à la fois aux choix typographiques entraînant un grand nombre de pages (multiplication du papier), et par conséquent comme double raison, le faible nombre de tirage vu les limites du montant global du crédit, à un prix de revient français (dans le cadre d'une imprimerie régionale organisée en coopérative de travailleurs) ; ceci concerne enfin la distribution : les remises normales des libraires déductibles d'un prix public qu'il était impossible d'élever, pour ne pas soustraire l'accessibilité d'un tel ouvrage, et enfin la déduction de la T.V.A., et souvent des frais de livraison. Sans compter les exemplaires nécessairement donnés.
Or, même si la ressource première est le don individuel (dont partie non négligeable étant celui de l'auteur) et collectif, ce qui devrait en résulter, de façon légitime, serait pourtant un champ qui doive être récolté, pour renouveler le moyen d'éditer encore, en dehors du vecteur - si cela doit être une possibilité maintenue. La question qui se pose alors est celle des limites raisonnables ou irraisonnables - ce qui ne veut pas dire "déraisonnable" - des actes libres, ou leur disparition - toute virtualité des idées et de l'expression ou de la communication confondue.]